Jean Louis POUPINEL : « Le Prince des Landes »


FLASHBACK sur Jean Louis POUPINEL, 61 ans qui a été dans les années 80 le fer de lance du Surf Français. Le « Prince des Landes » Champion des Landes à de multiples reprises, Champion de France Junior et vainqueur de nombreuses coupes de France fut 2 fois vice-champion d’Europe avant d’atteindre le Graal à 25 ans en étant enfin sacré Champion d’Europe au Portugal en 1989. C’était sous la bannière de Lou Surfou son Club de Seignosse dont le siège était à l’époque « chez Monette » la brasserie familiale. Il réside toujours à Seignosse tout prés de la plage des Estagnots ou je suis allé à sa rencontre.

Salut Jean Lou raconte nous un peu comment tout a commencé pour toi dans le Surf

J’allais souvent à la pêche (Surf Casting) avec mon père sur la plage des Estagnots, c’est là que j’ai vu les premiers surfeurs, c’était en 1972, ils avaient vraiment l’air de s’éclater. J’ai dit à Papa « c’est ça que je veux faire », j’avais alors 8 ans et j’ai fais mes premiers pas en surf l’été qui suivi, sur une planche en polystyrène achetée 30 Francs à « l’Esquiro » à l’époque bazar de plage des Estagnots. Je me souviens encore des irritations que je me tapais à cause des frottements, c’était à la fois insupportable (douleurs) et magique (sensations de glisse). Vers l’âge de 10 ans ce sont les copains de mes sœurs qui m’ont offert ma vraie première board, une Barland/Rott single fin de 2,10m et j’ai tout de suite capté, forcément avec cette grande planche, c’était beaucoup plus facile, je prenais toutes les vagues ce qui me valait de me faire taquiner par les grands du Seabird  le seul Surf Club landais à l’époque, souvent après chaque fin de session, ils estimaient que je prenait trop de vagues, et j’avais droit à ma séance de bizutage, mais c’était très friendly.

Justement comment c’était à l’époque ?

A l’âge de 12 ans j’étais le plus jeune Surfeur du Seabird Surf Club, présidé par Jean Louis BIANCO (qui fut président de la FFSS), et habitant chez Monette à 500 m de la mer, je me levais assez tôt le matin, et j’attendais souvent longtemps que quelqu’un arrive pour enfin me mette à l’eau, car je n’avais pas le droit d’y aller tout seul. Tout le monde se connaissait dans l’eau, l’ambiance était cool et toutes les vagues étaient pour nous, c’était la franche rigolade, personne ne se prenait au sérieux. On ne surfait qu’aux Estagnots et je ne savais même pas qu’on pouvait surfer aux Culs nus, aux Bourdaines ou au Penon ! Il m’a fallu attendre l’été de mes 13 ans, c’était au mois d’Aout, les premiers gros swells rentraient, les gars du Club m’ont embarqué pour mon premier surf trip dans le sud, direction Capbreton. Arrivé au Santocha, la vague était parfaite, le Spot de repli parfait. Je me rappellerai toujours mon premier surf sur la fameuse droite de l’épi du Santocha et ma rencontre plutôt musclée avec le local du Spot Pierre AGNES, pas content du tout de voir débarquer son rival Seignossais sur « son Home spot ». On avait le même âge à 3mois prés, ce fut la compet dés notre première rencontre. Après ce jour là, notre amitié était infaillible, on allait à toutes les compétitions ensemble, on a fait pas mal de surf trip, on a même représenté le Surf Landais au sein de l’équipe de France aux Championnats du monde à Newquay. On a vécu l’évolution du Free Surf vers le Surf business ensemble toujours pas très loin l’un de l’autre.

Quels sont les Surfeurs qui t’on inspiré ?

Il y en a beaucoup, mais 2 m’ont vraiment marqué : Mark RICHARDS et Tom CURREN.

MR pour son style master, ses longs Bottom et ses tubes ride. Mais beaucoup plus Tom, car lui et moi sommes de la même génération, il a passé 2 étés aux Estagnots (Il avait une petite copine sur place à l’époque) son surf était juste parfait. Chaque fois qu’il arrivait en France, je m’apercevais qu’il avait énormément progressé d’une année sur l’autre, et après un mois à surfer tous les jours avec lui, mon surf évoluait énormément. C’était très inspirant. A l’époque il n’y avait pas de vidéo pour t’aider à travailler les nouvelles figures et ton style, donc çà a était un vrai plus pour moi, de le côtoyer et de surfer avec lui. Encore aujourd’hui, à son âge, il a un surf incroyable, j’ai beaucoup de respect.

Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

Les Voyages bien sûr, la découverte de nouveaux spots, de nouvelles cultures, et les rencontres avec les surfeurs locaux aux 4 coins du monde. Etre un des meilleurs surfeurs Européens t’ouvre grand les portes, partout ou tu déboules, les gents ont un vrai respect de toi, ils apprécient de partager leurs vagues avec toi, ils avaient vraiment envie de te voir surfer leurs vagues, c’était tout simplement magique. Aujourd’hui quand tu débarques sur un spot, c’est plus la même. A l’époque c’était vraiment l’aventure, les trips étaient pleins de surprises. Mon premier trip sur Bali 82, arrivé seul en pleine nuit sous une pluie tropicale, 50 Cm d’eau dans les rues, Hôtel miteux, nuée de cafards dans la salle de bain et le réveil du Gecko à 2h du mat, le retour au bercail m’était même passé par la tête, mais 6:00 du mat le chant des oiseaux, l’odeur des fleurs, des épices et les musiques traditionnelles locales m’ont conquis sur le champ. C’était la magie qui opérait. La suite du trip fut marqué de souvenirs croustillants et de surfs incroyables, l’envie de voyager ne m’a jamais quitté. …

Quelques anecdotes de l’époque ?

C’était vraiment galère d’avoir du bon matos de surf. Lors d’une solide session à la gravière, Franck GOMIS à l’époque le seul surfer Français Pro, cassa sa planche, un Twin Fin Shaun Thomson qu’il avait ramené d’un surf trip en Afrique du sud. J’ai sauté sur l’occasion, j’ai couru vers lui pour lui demander ce qu’il allait faire de sa board en 2 morceaux, s’il pensait la faire réparer ou pas. Il m’a alors proposé de me la vendre pour 50 Francs (l’équivalent de 7€), j’ai carrément sauté sur l’occasion, je ne l’ai jamais regretté, car c’est avec cette planche réparée que j’ai le plus progressé.

Tes meilleurs Surf Trip ?

Le premier Trip c’était à Mundaka avec JP Menoux et les boys du quartier. Le second plus épique avec Michel POMIER et mon bro Hervé, il avait acheté un Van avec lequel on a traversé l’Espagne, le Portugal et pris le ferry pour aller jusqu’à Ténérife aux Canaries, on a tripé 2 mois sur place pour pas un rond à l’époque, top vagues, BBQ tous les soirs et petit dej au gofio/bananes(on avait juste a aller les cueillir dans le champ) …Toute une aventure, très roots. Après il y a eu Tahiti, la Californie, Hawaii puis l’Indonésie en long en large et en travers. Y a pas vraiment eu de meilleur Surf Trip, tous les trips ont été top…

Tes Spots Préférés ?

Les Spots à Tube bien sur : En France la Gravière, La Piste et le Prévent. Ailleurs Périscope à Sumbawa, Tahiti, Backdoor et Off the wall à Hawai, Lance Right et Nias en Indo, et bien sûr Mundaka que j’ai eu la chance de Surfer à 4 à l’eau en compet des 16ième jusqu’en finale, entre 10 et 8 pieds,  peu de personne ont eu ce privilège dans leur vie, aujourd’hui une session parfaite à Mundaka à 50 à l’eau c’est un vrai Holdup, comptez plus sur 200 gonzes à l’eau.

Qui t’a le plus aidé et soutenu ?

Mes parents bien sûr, en particulier ma maman qui m’a beaucoup suivi à mes débuts, Yvan Amélineau /New Factory Surfboard avec lequel j’avais un vrai partenariat. Au tout tout début la marque Hang Ten fut mon premier vrai sponsor fringues (dégoté par mon ami Alain Rossiaud), c’était en 1980, j’ai fait mon premier Trip en Californie et Hawaii ou j’ai rencontré Eric Arakawa qui me shapait mes boards et chez qui je logeais.C’est grâce a lui j’ai pu surfer sans problèmes sur tous les spots des Hot locals de l’époque, un vrai privilège. Après il y a eu Rip Curl pour les combies et puis surtout Quiksilver. C’est avec ce dernier que j’ai pu basculer du sponsoring vers une carrière professionnelle. Collaboration de plus de 35 ans.

Tes Potes de Surf avec qui tu as partagé tout ça ?

Mon Bro Fifi CHEVALIER, François LIETS et Seb ST JEAN mais aussi « Petit Jean » SARTHOU et Pierre AGNES qui nous ont malheureusement quitté. Tous les copains du Seabird et de Lou Surfou qui m’ont soutenu et « le Père à l’ail » Marcel LOUVET qui nous amenait sur toutes les Compét quand on avait pas encore le permis… Et j’en oublie bien sur, ne m’en voulez pas.

Quelle est ta vie aujourd’hui ?

Toujours tournée plus que jamais vers l’océan mais plus sur l’eau que dans l’eau. Ma passion c’est désormais la pêche en mer car c’est là que je me fais le plus plaisir, le partage entre pêcheur me rappelle l’esprit qui régnait dans le surf de mes débuts. J’ai des rapports privilégiés avec de très bons potes, j’ai mon shaper de canne Peyo et mon Pote Juju de la marque Smith, avec qui je partage beaucoup, je retrouve un peu les mêmes approches que j’avais dans le matos Surf à l’époque, j’ai toujours aimé la performance et la nouveauté. Dans la pêche, j’ai l’impression que çà ne s’arrête jamais. Ce que J’apprécie tout particulièrement, c’est le calme, la tranquillité et c’est dans cette quiétude en mer que j’arrive à me ressourcer, c’est vraiment dans cet univers que je me sens le mieux.

Pour finir : une belle anecdote ?

L’année 89, de retour de Surf Trip sur le North Shore à Hawaii, je m’étais ramené un quiver de board pour ma saison de compet. Notamment un truster Blue Hawai shapé par Glen MINAMI qui était incroyable. Je vais pour la tester au Prévent, et en sortant d’un tube j’envoie un Enorme Air, en le re-plaquant, bing 2 morceaux ! Les boules! La board avait l’air vraiment incroyable. Dans ma carrière j’ai pas eu énormément de magic board, et celle là c’en était une. Tout au long de l’année, j’ai eu pas mal de boards correctes mais aucune n’était parvenue à la remplacer. En fin d’été Je suis allé chez Guitou Garcia chez qui je l’avait amené en janvier, voir s’il l’avait réparé, elle était juste recollée et pleine de poussière. Après un petit coup de pression, il a fini par la réparer, et j’ai pu aller la tester. C’était incroyable, mais elle marchait comme à son premier jour. Par la suite j’ai enchainé les victoires avec, et c’est sur cette planche cassée en deux que j’ai signé mon titre de champion d’Europe à Aveiro au Portugal dans des conditions assez solides. J’étais au meilleur de ma forme, et j’étais en totale confiance, ma planche était magique, le titre ne pouvait pas m’échapper…    

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